Bonjour Yahya, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours en tant qu’influenceur ?
Bonjour ! Je m’appelle Yahya Achou Ouiy. Je suis créateur de contenu sur plusieurs plateformes : sur Instagram (@yahya_achou) depuis 4 mois, LinkedIn depuis 3 ans et sur TikTok (@yahyaachou) depuis 4 ans. Sur TikTok, je publie 2 à 3 vidéos par jour, tandis que sur Instagram, je poste 4 à 5 fois par semaine. Mon contenu tourne principalement autour de la vie étudiante, avec une touche humoristique, souvent inspiré de mes origines italo-marocaines. À travers mes vidéos, j’essaie de capturer l’attention d’acteurs, de journalistes et d’autres professionnels tout en construisant un personnage distinct. Ces contenus me permettent également de nouer des partenariats avec des marques et de travailler sur la publication de mon futur livre.
As-tu déjà été confronté à des cas de vol de contenu sur tes réseaux sociaux ? Si oui, peux-tu nous en dire plus ?
Oui, et cela a commencé avec une vidéo humoristique que j’ai réalisée après avoir eu mon bac ! Pour redonner quelques éléments de contexte, Pour vous donner un peu de contexte, je suis arrivé en France en 2016 après avoir grandi en Italie. Malgré la barrière linguistique, j’ai réussi à exceller dans mes études, obtenant 20,42 de moyenne au bac en 2019, avant de rejoindre une classe préparatoire au Lycée Louis-Le-Grand et d’intégrer l’ENSTA Paris, l’une des meilleures écoles d’ingénieurs de France.
Chaque année, cette vidéo sur mon bac est repostée sur divers réseaux sociaux. Si cela augmente ma visibilité, plusieurs aspects sont problématiques. D’abord, les informations sont souvent erronées : mes origines, la note obtenue, ou encore l’endroit où j’ai vécu. Ensuite, ces vidéos sont parfois monétisées par des personnes qui ne sont pas propriétaires du contenu.
Plus récemment, j’ai remarqué le vol d’un concept. J’ai publié une vidéo humoristique commentant la fin d’Emily in Paris et j’ai vu plusieurs comptes reprendre exactement la même blague. Malheureusement, il est difficile de se protéger contre ce type de plagiat.
Quelles leçons tires tu de ces expériences en termes de protection de ton contenu ?
Cela m’a fait réaliser l’importance de protéger sa propriété intellectuelle. Beaucoup de créateurs ne sont pas conscients de ces risques avant de se lancer. Aujourd’hui, même si certaines plateformes proposent des solutions pour certifier les comptes, elles ne certifient pas forcément les contenus. Or, c’est essentiel de garantir la protection des créations, que ce soit pour des influenceurs ou des journalistes, afin d’éviter que nos œuvres ne soient exploitées sans notre consentement.
Penses tu que la protection systématique des contenus serait bénéfique pour toute la communauté des créateurs et influenceurs ?
Tout à fait ! Une vidéo d’une influenceuse suivie par une large communauté peut avoir autant de valeur qu’un article scientifique, qui, lui, est protégé par des droits d’auteur. Les créateurs devraient avoir la possibilité de certifier et protéger leurs œuvres de la même manière afin d’assurer la reconnaissance et la valorisation de leur travail.
Avec l’émergence de l’IA générative, penses tu que ces cas de vols de contenu risquent de se multiplier ?
Oui, et c’est déjà en train de se produire. Aujourd’hui, il est très facile de générer ou de retoucher des images avec l’IA. Par exemple, on a vu des images truquées, comme celles de Taylor Swift ou encore des photos modifiées de Léna Situations, circuler sur les réseaux. Heureusement, la loi impose désormais d’indiquer si l’IA a été utilisée pour créer une image. La certification des contenus permettrait de rapidement vérifier leur authenticité et de s’assurer qu’ils appartiennent bien à leurs créateurs.
Plus largement, on comprend que l’univers de la création de contenus est en train de se structurer dans ce monde en perpétuelle évolution. Prenons l’exemple de la Loi Influence, promulguée il y a un an, qui vise à encadrer l’activité des influenceurs, notamment en renforçant la transparence dans les partenariats commerciaux, la protection des consommateurs et la lutte contre les pratiques abusives. Cette loi marque un tournant important dans la professionnalisation du secteur, en imposant des règles claires et en encourageant les créateurs à mieux se protéger tout en respectant les nouvelles exigences légales.
En tant qu’influenceur en phase de professionnalisation, quels sont, selon toi, les principaux défis que tu rencontres, tant dans la gestion de ton activité que dans la protection de tes contenus ?
Je suis au début de ma professionnalisation. J’ai fait ma première collaboration récemment avec la librairie Gibert et je découvre encore le monde des auto-entrepreneurs. J’essaie également de participer à des événements pour influenceurs, comme Follow Me, mais en tant qu’étudiant, je manque parfois de temps pour m’y rendre. Des événements comme la Fashion Week sont d’excellentes opportunités pour augmenter sa visibilité. Ce sont ces petits pas qui permettent de se professionnaliser progressivement.
Au-delà de la gestion quotidienne, se professionnaliser implique aussi de comprendre l’écosystème dans lequel on évolue et de réfléchir aux solutions pour protéger son travail. La certification de contenu, comme celle proposée par Certiphy.io, pourrait être un excellent moyen de garantir l’authenticité et la protection des œuvres publiées en ligne.
